lundi, novembre 29, 2004

Dietrich, la nuit...



Je me souviens, une nuit, avoir croisé ma mère dans la cuisine. Il était onze heures du soir et j'attendais le film de la nuit : "L'Impératrice rouge"...Marlène Dietrich...Von Sternberg...J'y étais allé - dans la cuisine - parce que, dans le canapé, à attendre la diffusion, je m'endormais et je tenais à voir ce film. Je me faisais une tasse de café quand ma mère est entrée. Elle m'a dit : "tu ne vas pas boire un café à cette heure ci !"
A la place, j'ai bu du jus d'orange.

ikhtoniaradio : jarboe - Lavender girl

dimanche, novembre 28, 2004



Je me souviens, ça remonte au mois de mai 1980. Au moment des ponts dûs aux jours fériés. Ce week-end là, j'avais rien à faire. C'est pourquoi quand elle m'a dit: "on se voit samedi après midi ?" j'ai répondu "oui." Elle a ajouté "sur la Grand Place, vers 14h30". J'ai dit :"Oui." Pour être sûre, elle a précisé :" tu me reconnaîtras j'aurais ma jupe plissée bleue marin et ma veste en laine légère rouge".

Le samedi arriva sur la Grand Place et elle ne portait pas sa veste en laine légère rouge. J'ai rien dit. Seulement qu'elle lui allait drôlement bien cette veste en laine légère bleue couleur ciel clair. Elle a souri. Moi aussi. On s'est embrassés puis, la Grand'rue, on a descendu en riant.

ikhtoniaradio : Antony and the Johnsons - Blue Angel

vendredi, novembre 26, 2004



C'est un peu comme cette fois là où, enfant, j'étais malade, la grippe, et je n'arrivais pas à m'endormir. Ma grand mère, qui était venue de son chez elle jusque chez nous en train parce qu'à pied ça aurait fait trop loin - c'est ce qu'on se disait entre nous, les enfants - ma grand mère donc, est venue dans ma chambre, s'est assise juste à côté de mon lit et m'a lu une histoire toute douce dont je ne me rappelle pas la trame, seulement de sa voix très douce. Quand l'histoire a fini, comme je somnolais tout doucement, ma grand mère s'est penchée et m'a embrassé le front puis s'est mise à chanter une berceuse. J'ai dû m'endormir parce qu'à mon réveil, elle n'était plus là et il faisait jour.

Ce qui, quand j'y repense, était tout à fait normal.

ikhtoniaradio : Current 93 - all the pretty little horses

mercredi, novembre 24, 2004



C'est l'histoire de cette fois où nous nous étions, avec quelques copains, construits une cabane dans la colline, un été, et avions décidé d'y passer la nuit jusqu'au matin. Le but était de rester éveillés jusqu'à ce que le premier rayon de soleil surgisse de derrière le grand bosquet d'arbres qui nous abritait. C'est pourquoi Fred parlait et parlait et parlait encore. Il n'arrêtait pas. Il racontait des histoires qu'il prétendait lui être arrivées. Certaines étaient vraies ; d'autres non.
Par exemple, il n'a jamais vu Sophie se baigner nue dans les calanques. Par contre, pour Hélène, c'était vrai. Sauf que c'était pas les calanques mais la douche de la salle de bains familliale. Hélène c'est sa soeur.A Fred qui avait 10 ans. Hélène,12 et Sophie,11. Moi j'en avais neuf et je me suis endormi, dans un grand bâillement. Et les autres aussi. Sauf Fred qui refusa de nous raconter. Il a juste lâché :" vous n'aviez qu'à pas dormir, bande de larves !"

ikhtoniaradio : Beatles - tomorrow never knows

mardi, novembre 23, 2004



Quand, pour la première fois, j'ai entendu cette chanson, voici cinq ans, j'ai eu l'impression que, pour combler un trou du temps, on rediffusait un épisode de mon feuilleton personnel. La carte postale a retrouvé sa place, au fond du tiroir où je l'avais trouvée, à côté de la photo. Un tiroir que j'ai ouvert jeudi soir...

ikhtoniaradio : Duffy - the postcard

dimanche, novembre 21, 2004



Eh bien...elle ressemblait à...
à qui ressemblais tu ?
à Madame H. dont j'avais vu une photographie alors qu'elle devait avoir vingt ans. Tout comme toi à l'époque.
Je me suis versé une seconde tasse de café et me suis tu parce que mes interlocuteurs n'ont pas connu Madame H. Donc ça leur dirait rien. Ils ne verraient pas. J'ai alors songé à la jeune femme dont la statue orne depuis plusieurs siècles le jardin public du centre-vie. Même, c'est plus à la statue qu'à la jeune femme que j'ai pensé.
Ils sont partis.
J'ai mis un disque.
Carla Thomas : the queen alone.

When tomorrow comes...

ikhtoniaradio : Skin - turned to stone

samedi, novembre 20, 2004



Existence well what does it matter?
I exist on the best terms I can.
The past is now part of my future,
The present is well out of hand.


La vie c'est simple comme d'aller en centre-vie, à pied, quand bien même le vent est glacé.

ikhtoniaradio : Joy Division - heart and soul

jeudi, novembre 18, 2004



"Allez, viens ! allez, viens !"
Il est des fantômes insistants et celui que j'ai croisé, ce soir, avec la complicité du vent, l'était.
"Par ici ! Par ici !"
D'accord, j'ai fait dans mon moi même, persuadé que cette voix féminine m'entendait, mais où ?
"Là ! là !"
Dans ce bar ?
"Oui ! oui !"
J'y suis entré et j'ai commandé un café qu'une serveuse fatiguée m'a servi. Elle est allée s'asseoir derrière le comptoir, un peu en retrait et s'est mise à feuilleter un magazine non identifiable à cette distance. Un type est entré - la serveuse a levé la tête - lui a commandé un demi. J'ai payé le café, après l'avoir bu, et suis rentré.

Mon fantôme avait disparu.

ikhtoniaradio : Nicolette - where have all the flowers gone ?

mercredi, novembre 17, 2004



if the future isn't bright at least it's colourful

...la station service de l'hyper du coin, vaisseau spatial, prêt à décoller dès que ses cuves seraient pleines...
J'avais lu quelque chose d'approchant dans un livre qu'elle m'avait prêté. Je n'ai plus le titre en tête mais je me souviens du nombre de pages : 234. La phrase se trouvait dans le premier tiers au moment où il s'apprêtait à entamer son long périple d'un bout à l'autre du roman. D'où s'était rendu à l'hyper du coin pour s'approvisionner. Je lui avais rendu le livre au mois de novembre.

So burn the ship come spring

ikhtoniaradio : Einstuerzende Neubauten - Youme & Meyou

mardi, novembre 16, 2004



All of us are falling...

- Enfant, j'ai dû tomber trois ou quatre fois, j'ai dit. Adulte, une fois, j'ai loupé une marche et je me suis retrouvé cinq ou six marches plus bas.
- J'crois pas que ce soit de ces chutes là qu'il s'agisse...
- Ah. Tu crois.
- Oui. C'est plus...comment dire...plus...
- Une histoire de gravité ?

ikhtoniaradio : Stina Nordenstam - On falling

dimanche, novembre 14, 2004



En regardant l'obscurité
par temps clair et glacé
y voit on surgir l'âme
filtrée par les trous de lumière
que l'érosion du temps a fait au plafond
alors que tout autour
ça s'écaille en étoile ?
pas toujours.

ikhtoniaradio : Club 8 - Cold hearts


Cet après midi, j'ai croisé un ancien camarade de classe et son épouse,en sortant d'un cinéma, où j'avais été, par le froid, poussé. Nous avons parlé tranches de vie, passées, présentes et futures. D'épisodes vécus dont je ne me souvenais que très vaguement. Que même j'avais fini par croire que j'en avais certains inventé. J'ai enterré le présent dans un "je sors de là", en leur indiquant du pouce, par dessus mon épaule, le cinéma dont il était impossible qu'ils ne m'aient pas vu sortir. Au bas des marches, nous étions. Radieux ils étaient quand ils se sont jetés sur l'avenir dont, à une observation, j'avais un peu deviné la teneur. Me manquait le mois. Avril. Pour le sexe, ils préféraient garder la surprise. Elle, savait. Il faisait froid. Nous sommes entrés dans un café pour en prendre un, ou, comme eux, un chocolat. Nous avons ri à certains souvenirs, nous sommes tus à d'autres. Avant de sortir et reprendre le cours habituel de nos existences, nous avons échangé nos adresses, téléphone afin, dans quelques temps, d'organiser quelque chose.

En tournant la clé dans la serrure de la porte de l'appart', j'ai souri à un souvenir remonté de ce temps disparu.

ikhtoniaradio : Flunk - Six seven times

samedi, novembre 13, 2004



Finalement, hier, j'ai pris le bus.
Il m'a mené en centre-vie. C'est une ligne directe.
Quand j'ai voulu rentrer, y'en avait plus. Avaient tous été rangés et, la nuit tombant, s'étaient endormis sur leurs quatre roues chacun et pour que ne se réveillent pas, les lumières aux alentours, le secrétaire général de la mairie avait fait éteindre.
D'où je suis rentré à pied.

ikhtoniaradio : Yufeimen - Le Yuan

Site de Yufeimen

jeudi, novembre 11, 2004



Trois lampadaires et un arrêt de bus.
Soit je suis parti trop tard, soit j'ai marché trop lentement.
Je l'ai raté. A vrai dire, je n'ai même pas vu ses feux arrières me narguer.
Un arrêt de bus et trois lampadaires.
Je suis rentré me faire un café.
Je prendrais le suivant.
Demain.

ikhtoniaradio : The Arcade Fire - Rebellion (lies)

mardi, novembre 09, 2004



La nuit, bien que finissant par la sonorité "ui", ne tombe pas exactement pareil que la pluie, j'ai remarqué.

J'me souviens du jour où elle avait demandé à sa meilleure amie de lui faire une nouvelle coupe de cheveux.
Dés après, ils tombaient juste à la base du cou, n'allaient plus faire de longues balades dans son dos le long de ses vertèbres.

Et ni celle de la pluie, ni celle de la nuit, cette façon qu'ont de tomber les cheveux.

ikhtoniaradio : Prosaics - Teeth

lundi, novembre 08, 2004



Quand un "nouveau" venu poussait la porte de sa boutique, généralement, elle claquait en se refermant et tout le monde savait qu'un "nouveau" venait d'entrer. Pour les autres, dans une moyenne assez élevée, elle grinçait avant d'sonner. Sauf quand c'était sa fille. L'avait une technique ou alors c'était naturel ou alors la porte la reconnaissait. C'était une jeune femme timide mais pas tant que ça. Des cheveux très bruns. Longs et noirs. Qui, très visiblement, l'aimaient bien. Cela se voyait, tout de suite, à la façon qu'ils avaient de flotter autour d'elle.

Des fois, se battaient contre le vent pour savoir lequel allait effleurer son visage. D'autres fois, se mettaient en mèche avec le même vent et de la main, elle les repoussait. Indifféremment, le faisait avec l' un ou l'autre revers de ses index. Pendant ce temps, les autres doigts de la main choisie, à l'exception du pouce qui surveillait le bon déroulement de la cérémonie, se prosternaient, leurs regards tournés vers l'intérieur de la paume de sa main. Laquelle dévoilait des lignes.

Grande surprise , un jour, d'y découvrir, taggé dans l'une d'elles, mon nom.

ikhtoniaradio : Elefant - Bokkie

dimanche, novembre 07, 2004



Un dimanche gris.
Un dimanche blanc.
Un dimanche sans pluie.
Sans vent. Jour immobile et silencieux.
Jusqu'à ce que la première voiture passe. Puis la seconde, la troisième et les suivantes. C'est dimanche.
Ils vont déjeuner en famille.
Ou accueilleront de la famille. Pour déjeuner.
L'après midi passera. Viendra l'heure de se quitter.
Jusqu'à dimanche. Le premier, le deuxième ou les suivants.
Comme le temps passe...

ikhtoniaradio : Max Roach - Sunday afternoon

samedi, novembre 06, 2004

L'après midi a été nuageux avec un vent léger qui, avec douceur, empêchait les gouttes de pluie de tomber. Et c'est ce qu'il y a de plus étonnant !
Habituellement, tu fixes une feuille sur un mur avec un punaise en laissant la fenêtre ouverte. Quelqu'un ouvre la porte. Un courant d'air. Et hop ! la feuille s'envole. Là, non.
Des gouttes de pluie mal attachées dans le ciel, tu te dis qu'un coup de vent suffirait à les faire tomber. Ou alors, le vent les arrache au ciel et elles - les gouttes - vont tomber ailleurs, beaucoup plus loin, chez le voisin. Et là, tu comprends pourquoi ses salades poussent mieux que les tiennes.


ikhtoniaradio : Stanley Beckford - Three Little Birds

jeudi, novembre 04, 2004



Depuis plusieurs jours, au démarrage, mon automobile toussotait, le matin.
Je me suis fait un collutoire et avalé j'ai deux cuillères à café de sirop, dans la nuit.

ikhtoniaradio : Tapper Zukie - Chalice to chalice

mercredi, novembre 03, 2004



A peine arrivée au mois de novembre, la température est tombée.

Je me souviens que voici plusieurs années, encore enfant, j'étais, à plusieurs reprises,tombé dans la cour pendant la récréation. Je m'étais relevé très rapidement sauf une fois : celle où je me suis cassé la jambe. Maintenant que j'y pense, il faudrait peut-être aussi ajouter la fois où je suis tombé sur le dos mais ce n'était pas dans la cour. C'était à la piscine.

La température sait elle nager ?
Après une longue discussion avec ma voisine, nous avons conclu que non. Ce qui permet d'éliminer cette hypothèse pour expliquer qu'après sa chute, la température ne se soit pas immédiatement relevée. La jambe alors ?

Et si elle n'était pas tombée mais qu'elle descendait un escalier. Tout simplement.

ikhtoniaradio : Little Richard - By the light of silvery moon

lundi, novembre 01, 2004



...j'ai pris le volant, roulé une trentaine de kilomètres vers le nord. La nuit tombait quand au nord je suis arrivé. Tout était uniformément gris, les dunes, la côte, l'intérieur des terres, mon imperméable et même, de ma voiture, la couleur.

Comme en plein jour, ma voiture. Sa couleur.

Je me suis arrêté, en suis descendu, ai fait quelques pas, en repensant à l'histoire de l'autre jour, près de la pharmacie. Les feuilles blanches. Autour du lampadaire municipal. J'aurais dû les compter, j'me suis dit. Bon...admettons... y'en avait quatorze...quatorze feuilles blanches au pied d'un lampadaire, municipal qui plus est...c'est à ce moment que, sentant une légère brise un peu fraîche se lever, j'ai décidé de rentrer. Quelques gouttes, du ciel, sont tombées. Quatorze par minute pendant dix minutes. Cent quarante gouttes. Un peu plus, en fait, parce que les premières qui étaient tombées avant la première minute des dix, n'étaient pas quatorze mais à peine une poignée. Pareil pour les dernières,tombées pendant la poignée de secondes qui a suivi la dixième minute, moins que les doigts d'une main, elles étaient. J'en ai compté trois sur le dos de ma main quand la pluie a commencé et quatre quand elle a cessé. Cent quarante sept gouttes. Sans compter toutes celles qui sont tombées autour de ces cent quarante sept là.

C'est l'automne qui s'installe quand de longs cortèges de gouttes sauvages envahissent le ciel à la nuit tombée.

ikhtoniaradio : Lee Morgan - Boy, what a night