dimanche, octobre 31, 2004



...au moment de partir, j'ai fouillé mes poches et me suis rendu compte que j'avais laissé mes clés de voiture
sur le petit meuble à côté du téléphone. Je suis donc revenu sur mes pas, suis entré dans l'immeuble, ai pris l'ascenseur, suis entré dans l'appartement, me suis dirigé directement vers le meuble en question, ai ramassé les clefs qui s'y trouvaient, ai éteint la chaîne que, dans mon empressement, j'avais oublié d'éteindre, me suis retourné, au moment de sortir, juste avant de refermer la porte, pour jeter machinalement un coup d'oeil rapide à l'appart', suis descendu par l'escalier, ai rejoint mon automobile, l'ai ouverte, démarrée et, en route...

ikhtoniaradio : Sparklehorse+Flamings lips - Go

jeudi, octobre 28, 2004




Aujourd'hui, je ne me suis pas assez tôt souvenu d'un détail d'une histoire qui mériterait d'être contée avec tous ses détails justement. Sans en oublier un seul. Je m'en suis souvenu, y'a plusieurs minutes, une quinzaine, dans l'ascenseur. Mais voilà, à force de me concentrer sur le détail oublié, j'ai perdu le début de l'histoire qui, pourtant m'est arrivée, voici quelques jours, une quinzaine, sur la Grande Avenue. Je suis donc très embêté de ne pouvoir fournir plus de détails.

...au niveau de la pharmacie, à l'endroit où, dans le trottoir, est planté un lampadaire municipal d'éclairage, tout autour dudit lampadaire, il y avait, voici quelques jours, une quinzaine, un amoncellement de papiers blancs...

ikhtoniaradio : The Fashion - these days

mercredi, octobre 27, 2004



...souvenirs échappés au souffle du temps...
...un jour ou plutôt une nuit de 1977, le temps était anticyclonique à l'extrême...sur l'oreiller était posé mon petit transistor gris...à cette heure avancée, zappant de station en station en quête d'un programme, ce fut la première fois que j'entendis John Peel...

John Peel tributes

ikhtoniaradio : Undertones - Teenage Kicks
The Fall - Kicker conspiracy

lundi, octobre 25, 2004

Le jour où ils ont coffré les Grateful Dead
la pluie s'est déchaînée sur San Francisco
comme des ciseaux de marécage taillant dans la justice
les vêtements maléfiques des alligators

Le jour où ils ont coffré les Grateful Dead
ce fut une nuée d'alligators ailés
mesurant soigneusement le marbre
avec des télescopes de caoutchouc noir

Le jour où ils ont coffré les Grateful Dead
tout est devenu respiration humide d'alligators
soufflant des ballons de la taille
du Palais de Justice.
Richard Brautigan (1935-25/10/1984)

ikhtoniaradio : Grateful Dead - Brokedown Palace

dimanche, octobre 24, 2004



...toujours vers cette époque-ci de l'année, se ramène une dame, que je ne connais pas et toi non plus - l'être ni de notre famille, ni de la tienne, même pas de celle du voisin qui tond sa pelouse le samedi toutes les trois semaines. Qu'à défaut d'être une grande dame, internationalement connue elle est et, du coup, tout le monde de lui donner du "La Gastro".

Des fois, aussi, un peu plus tard dans l'année, elle vient. A quoi ça tient, j'en sais rien. Me suis demandé si, chez elle, elle tenait une sorte de calendrier, épinglé au dessus d'un petit secrétaire en acajou, avec tous les noms de tous les gens de partout et qu'elle y ajoutait des petites croix, après chaque visite, pour que les profils de chacun soient à jour.

Toujours est il qu'hier soir vers 22 heures, elle sonne à la porte d'entrée. Il pleuvait. Il ventait.
Il faisait nuit. En ouvrant la porte, ça m'a fait drôle. Deux ans qu'elle venait plus par ici. Même qu'à un moment, l'automne de l'année dernière, m'étais dit peut être qu'elle était morte mais avais été détrompé par mes voisins chez qui elle avait sympathisé avec toute la famille.

Il pleuvait. Il ventait. Il faisait nuit. Elle avait sa petite valise comme la dernière fois.
"J'peux entrer, elle a fait, j'ai besoin d'un refuge jusqu'à lundi. Mardi matin au plus tard..."

Il pleuvait, il ventait, il faisait nuit...

Ikhtoniaradio : Ray Charles - born to lose

vendredi, octobre 22, 2004



"...a tout changé..."

Deux femmes, d'un âge presqu'aussi incertain que la météo du jour, se tenaient, à trois pas, sur la droite de l'entrée de la boulangerie. L'une s'apprêtait - comme moi - à y entrer, tandis que l'autre en sortait, deux têtes de baguette, émergeant de son cabas, en témoignaient.

"...dunes ont perdu..."

Il y avait eu, les deux jours précédents, une tempête telle que la mémoire des uns et des autres s'en trouvait remise à jour. On avait connu des tempêtes mais celle-ci, remodelant le paysage côtier, avait écrasé, pour les remplacer, leurs souvenirs, vécus ou rapportés.

"...tiens, t'as vu, ils ont arraché les feux de signalisation du carrefour et planté un rond point à la place..."

Les dunes effondrées, elle les avait pas vues, pas encore, ma voisine...seulement les travaux municipaux...

ikhtoniaradio : Sam Cooke - change is gonna come

mercredi, octobre 20, 2004



D'un côté y'a un boulevard avec une porte cochère qui débouche sur une cour au fond de laquelle se trouve un portail peint en vert.
D'l'autre côté du portail, y'a une petite rue qui fait le tour d'une place de même taille.
De l'une à l'autre, par ce portail aux grilles vertes, se rendre on ne peut. Sauf à escalader les grilles.

Une fois, j'ai escaladé un mur. Plutôt que de faire le grand tour. Parce que j'avais garé ma voiture dans la rue derrière l'immeuble. Une autre fois, ce sont des rochers. Que j'ai escaladé. Je n'étais pas seul. Nous étions tout un groupe. Nous étions sur la plage et, pour rejoindre la route, où notre voiture était garée, nous avons escaladé de magnifiques rochers dont un, vu de l'autre bout de la plage, ressemblait à une tête de chien.

Une fois d'après, c'était en hiver, après plusieurs jours de tempête, dans ces mêmes rochers, une porte a été retrouvée. Une porte à peine abîmée, avec ses montants. Une porte fermée à clef. Pendant quelques temps, les gens du coin, les promeneurs se sont amusés à chercher la clé. Puis, c'est tombé....maintenant, de temps à autre, l'été, quelques vacanciers, à qui cette histoire a été racontée, se prêtent au jeu et parcourent, en les escaladant, les rochers à la recherche de la clé.

ikhtoniaradio : Summer Hymns - behind that locked door

mardi, octobre 19, 2004



Comme on ouvre un tiroir dans lequel on pense trouver ce que l'on cherche et, au lieu de ça, on tombe sur une multitude d'objets infimes : un trombone, un ticket de cinéma orange, un petit élastique bleu et usé, des cotons tiges qu'est ce qu'ils foutent là, un bout de papier déchiré avec un numéro de page, une photo d'identité rejetée parce que mal découpée, la bordure blanche n'est pas droite et ondule par endroit, un bout de lacet...

et...

ikhtoniaradio : Kevin Tihista - you don't have to be sorry


Deux hommes se croisent.
Le premier à saisir la main de l'autre pour la serrer dans un élan "ah mon vieux, j'pensais bien que c'était toi", c'est celui qui descendait la rue.
Le second, qui la remontait, ne pouvait pas l'avoir reconnu,silhouette parmi les silhouettes de quinze heures.
A cause du soleil.

En plus, il avait la tête ailleurs. Dans une époque et un décor où celui là qui vient de lui serrer la main n'était qu'un très vague souvenir d'école : lui se trouvait dans la rangée côté couloir, au troisième rang alors que l'autre était au septième rang de la rangée du milieu. Une fois, il - çui du 7è rang - avait été appelé sur le côté fenêtre de l'estrade pour une récitation où il était question de pampres mais l'autre de sa 3è place, n'avait rien vu.
A cause du soleil.

Il l'avait écouté comme aujourd'hui il l'écoute, la tête ailleurs, dans un souvenir de plus tard quand il serait plus grand. A la plage, il irait. Rigoler avec les copains, nager et prendre un peu de soleil.

ikhtoniaradio : Morrissey - the lazy sunbathers

dimanche, octobre 17, 2004



Une dizaine d'assiettes ébréchées en dit long sur le temps qui est passé depuis le jour où elles ont fait connaissance avec le placard de la cuisine. C'était, c'était le 11 mars 1972.
Quel jour était ce ? Il pencherait pour un samedi après midi. Comme pour le canapé.
Se souvient qu'elle avait tenu, avant de les ranger, à les laver.
Un motif à fleurs bleues dont la disparition en dit tout autant sur le temps écoulé depuis ce premier passage dans l'évier de la cuisine.

ikhtoniaradio >Cat Power - maybe not

samedi, octobre 16, 2004


Je lui dis, je lui dis pas.
Si elle tourne sa tête vers moi avec un sourire je lui dis
mais si elle reste, le nez plongé dans son livre, je lui dis pas.

Finalement, je lui ai dit.

Fallait bien.
Avec ce soleil, on n'allait pas rester enfermés dans cette pièce
quand bien même elle est très agréable.

"Allons faire un tour ", j'ai dit. Elle a lâché son bouquin dans un
"Ouiiii !" enthousiaste. Je ne sais pas ce que c'est ce livre mais
contre le soleil, il est pas de taille, j'ai pensé.

Ikhtoniaradio : Sparklehorse - Vivadixiesubmarinetransmissionplot

vendredi, octobre 15, 2004


V'là deux jours,
je descendais la grand'rue.
Il y avait des pétales au sol.
Sous une table dressée par la fleuriste et placée non loin de la devanture de son magasin.
Sur la table, un vase avec les fleurs des pétales dedans.
Des pétales rouges et jaunes.
Une bonne trentaine, j'ai compté.

Ce matin,
je repassse devant, la même table, le même vase et les mêmes fleurs rouges et jaunes.
Au sol, je compte.
Une trentaine de pétales
rouges et jaunes.

C'est le moment où la pluie est tombée, sans avoir prévenu,
et pendant que j'attendais qu'elle cesse, me suis demandé
si tous les soirs, elle les rangeait, la fleuriste, les pétales.
Rouges et jaunes.

Madeleine Peyroux - Careless love

mercredi, octobre 13, 2004



…in silence once more we pass…***

sur le mur anciennement blanc, le temps a passé, y laissant la silhouette d'un éternel guetteur, apparue, un matin de 2002 alors que, machinalement, j'avais levé les yeux dans cette direction.

Tu n'y es pas, m'a-t'-elle dit, une jeune femme à la chevelure flamboyante, assise sur un canapé, fait un "raccord-joue" tandis que son compagnon, la main posée sur le dossier du canapé, l'attend.

Il y a des fleurs blanches dans le vase posé sur la table basse devant elle. Il reste impassible parce qu'il se sait observé mais, dès que nous aurons le dos tourné, excédé, il la priera de se dépêcher, il n'a pas envie d'être en retard chez Machin qui aime l'exactitude et à qui, il a quelque chose à demander.

- ah ouais, je fais, quel genre de truc ?
- j'en sais rien quand il le lui a dit...
- il ?
- ben lui, ton guetteur, à elle...ils se sont parlés, y'a un petit quart d'heure, il lui a dit : "j"ai pas envie d'être en retard chez Machin, je dois lui demander de..." J'ai pas pu entendre la suite parce qu'à ce moment là, l'est entré dans la salle de bains.J'suis pas sûre qu'elle ait plus entendu que moi...

- ah...

***Elysian Fields - dreams that breathe your name

mardi, octobre 12, 2004

Finalement, elle m'a dit de n'pas tenir compte de sa dernière remarque.
Qu’même, en y réfléchissant, c’était peut être mieux.
Comme quelqu’un qu’on aurait perdu d’vue
Et qui reviendrait.
Elle a dit.


Alors
Qu’elle venait de
Mettre dans l’crachoir à cds, le dernier sorti
Marianne FaithfullBefore the poison et qu’dans l’air

Se répandaient l’amour et son mystère aux couleurs de cieux d’été enfuis.

lundi, octobre 11, 2004

Tout a commencé c't'après midi quand elle m'a dit : "Surtout, ne commence pas par "voilà, c'est fait". Ni par "bon ben c'est moi que m' v'là"! Pis n'oublie pas de t'présenter en quelques mots." Alors, j'ai juste pris un bouquin sur l'étagère, l'ai ouvert page 14, les quatorze premières lignes...

Je vous imagine curieux de savoir qui je suis, mais je suis de ces gens qui n'ont pas de noms réguliers. Mon nom dépend de vous. Alors donnez moi le nom qui vous passe par la tête.
Si vous pensez à quelque chose qui s'est passé il y a longtemps : quelqu'un vous a posé une question et vous n'avez pas su répondre.
C'est mon nom.
Peut être pleuvait il très fort.
C'est mon nom.
Ou bien quelqu'un voulait vous faire faire quelque chose. Que vous avez fait. Alors on vous a dit que c'était pas ça du tout - "
Désolé" - et vous avez dû recommencer.
C'est mon nom.***

L'a ajouté surtout leur parle pas comm' s'ils te connaissaient déjà.

***Richard Brautigan - Sucre de pastèque, p.14 - 10/18 n°1624.